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L’histoire tragique de Thiaroye 44: Quand la France libérée a massacré ses libérateurs; Un massacre longtemps occulté ! Par Ndiawar Diop

L’histoire tragique de Thiaroye 44: Quand la France libérée a massacré ses libérateurs; Un massacre longtemps occulté ! Par Ndiawar Diop

Le silence complice des dirigeants africains face au crime de Thiaroye; la honte de l’armée coloniale et l’amnésie des indépendances !

Le massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944, est l’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale française en Afrique, marquée par l’injustice, la répression et le silence coupable. Il illustre non seulement la brutalité de l’armée coloniale française, mais aussi l’indifférence persistante des gouvernements africains post-coloniaux.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les tirailleurs sénégalais, soldats africains enrôlés dans l’armée française, retournèrent dans leurs pays d’origine. Ces hommes avaient combattu pour libérer la France du joug nazi, parfois au prix de leur vie. Mais à leur retour, ils furent traités comme des citoyens de seconde zone.
Le 1er décembre 1944, plusieurs centaines de ces vétérans furent regroupés dans le camp de Thiaroye, près de Dakar. Ils réclamaient des indemnités légitimes, des arriérés de solde et une reconnaissance pour leurs sacrifices. Au lieu de cela, ils furent confrontés à une répression féroce.

Face à leurs revendications, l’armée française opta pour la violence. Des troupes furent envoyées pour mater ce qu’elles qualifièrent de « mutinerie ». Dans un déchaînement de brutalité, les soldats français ouvrirent le feu sur des hommes désarmés. Selon les sources officielles, 35 tirailleurs furent tués, mais des témoignages et des recherches indépendantes estiment que le bilan est bien plus lourd, atteignant peut-être plusieurs centaines de morts.

L’armée coloniale française a non seulement orchestré ce massacre, mais a aussi œuvré à le dissimuler. Les archives furent scellées, les faits minimisés, et les victimes furent dépeintes comme des mutins indisciplinés. Cette falsification historique reflète une profonde ingratitude envers ces hommes qui avaient risqué leur vie pour une nation qui les considérait comme inférieurs.

L’attitude des autorités françaises de l’époque est emblématique d’une vision colonialiste où les Africains n’étaient que des outils de guerre, non des partenaires égaux. Ce mépris persista longtemps après l’indépendance des nations africaines.

Ce qui est tout aussi révoltant, c’est l’inaction des gouvernements africains après les indépendances. Au lieu d’exiger des excuses, des réparations et une enquête approfondie, beaucoup ont préféré tourner la page, soit par complaisance envers la France, soit par crainte de ternir leurs relations diplomatiques avec leur ancien colonisateur.

Il est déplorable que la mémoire de ces martyrs soit restée dans l’ombre. Les monuments érigés en leur honneur sont rares, les récits dans les manuels scolaires quasi absents. Ce silence est un aveu d’échec des dirigeants africains à honorer la mémoire de leurs compatriotes.

Il faut le dire et le reconnaître, l’armée coloniale française a agi avec une barbarie injustifiable. Elle a non seulement tué des hommes, mais aussi assassiné leur dignité en maquillant les faits. Ce massacre illustre la nature oppressive du système colonial, où les Africains étaient privés de toute humanité.

Les gouvernements africains, depuis les indépendances, ont eux aussi leur part de responsabilité. En refusant de revisiter ces événements, ils ont contribué à effacer la mémoire de ceux qui se sont battus pour un monde meilleur. Ce manque de volonté politique est une trahison envers l’histoire et envers les peuples africains.

Maintenant il faut aller vers une réhabilitation et que la vérité sur Thiaroye soit mise en lumière. Cela passera forcément d’abord, par l’ouverture complète des archives et que la France assume sa responsabilité historique en dévoilant toute la vérité. Ensuite, une reconnaissance officielle avec des excuses et des réparations pour les familles des victimes sont nécessaires. Enfin, une prise de conscience africaine pour que les gouvernements africains intègrent cette tragédie dans l’éducation et les discours officiels pour honorer les martyrs.

Le massacre de Thiaroye 44 n’est pas une simple « erreur » de l’histoire. C’est un crime contre l’humanité, et son souvenir doit devenir un levier pour construire une mémoire collective forte, capable de résister à toute forme de déshumanisation future.

Aujourd’hui, le massacre de Thiaroye ne doit plus rester dans l’ombre. À l’occasion du 80e anniversaire de cette tragédie, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé des mesures fortes pour honorer la mémoire des tirailleurs sénégalais. Leur histoire sera désormais intégrée aux curricula scolaires. Des rues, des places et des monuments porteront le nom de Thiaroye 44. Une « Journée du Tirailleur », célébrée chaque 1er décembre, rappellera chaque année le sacrifice de ces hommes.

Ces engagements marquent un tournant dans la reconnaissance de cette tragédie. Ils interpellent également la France sur la nécessité d’ouvrir complètement les archives, de reconnaître officiellement les faits et de présenter des excuses aux familles des victimes.

Thiaroye 44 n’est pas qu’un chapitre douloureux du passé ; c’est un rappel de l’importance de la dignité, de la justice et de la mémoire collective. En réhabilitant ces héros, le Sénégal et l’Afrique tout entière peuvent affirmer leur volonté de ne plus jamais céder à l’oubli ni au déni de leur histoire.
Gloire aux Tirailleurs Sénégalais!

Par Ndiawar Diop
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