N’est-il pas plus fou que de penser la folie comme exclue de la raison ? Le fou serait-il un marginal dont l’entendement suit une logique différente de celle communément reconnue et qualifiée de raisonnable ?
La folie serait-elle ainsi exclusivement clinique, ne méritant que l’exclusion sous la forme de l’internement ?
Mais dans ce cas, où est la frontière entre la normalité et la folie ?
Sur quoi est fondée la déclaration de la folie, car c’est autrui qui déclare la folie et non celui qui est présenté comme tel ?
Et la folie est-elle contagieuse jusqu’à emporter l’être, ou ne peut-elle pas être contenue dans des moments d’égarement qui n’engagent en rien la personne dans sa totalité ?
N’existe-t-il pas une forme de folie ordinaire qui permet à chacun de rester en vie face à l’absurdité de l’existence ?
Ne faut-il pas être à minima quelque peu fou, certes dans une certaine mesure, pour donner du sens à ce qui n’en a pas ?
Descartes bannissait toute folie dans la pensée. Le fou serait ainsi celui qui ne pense pas en s’écartant par trop de la raison. Mais sans écart, la raison seule est-elle capable de produire du rêve ?
La raison sans un brin de folie peut-elle emmener l’homme vers des sommets imaginés dont il est le seul vivant à pouvoir se les représenter ?
La folie n’est-elle pas non plus un outil d’investigation quant à repousser les frontières du raisonnable, et ainsi permettre la découverte de terres jusqu’à alors inexplorées ?
Il fallait être fou pour traverser les océans sans savoir ce qui s’y trouvait. Il fallait être fou que de sortir de l’orbite terrestre pour un alunissage sans précédent. Il fallait être fou pour croire que l’homme n’est même par son propre maître par opposition au libre-arbitre orgueilleux.
Il faut être fou pour chaque matin se projeter vers un devenir qui est un néant perpétuel car inexistant. N’est pas seulement fou celui que l’on dit l’être… Pensée Philosophique
Source Webnews
Par Ndiawar Diop